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L'Etape de Diourbel (1912)
22/08/2008 05:20
Cheikh Ahmadou BAMBA écrivit à propos de l'étape de Diourbel : "Les colons ont requis mon retour à Diourbel [avec de mauvais desseins]; mais s'ils s'avaient ce que recouvre ce retour, ils ne l'auraient certes pas sollicité". C'est donc dire que le Cheikh n'était point sans réaliser que les véritables desseins de ses persécuteurs à travers son retour à Diourbel ne consistaient pas uniquement à mieux assurer la surveillance de ses faits et gestes mais aussi en une tentative d'aliénation et d'assimilation culturelle, à travers surtout l'enrôlement des jeunes mourides à l'école occidentale; car là où le glaive et la poudre ont échoué, ont souvent réussi la règle et la craie.
Ainsi le nouveau péril, infiniment plus pernicieux, auquel la communauté mouride eut à faire face à Diourbel fut l'acculturation et le complexe d'infériorité contre lequel elle dut résister par, notamment, l'extension des daaras, la référence aux enseignements du Cheikh et d'autres aspects de la dynamique confrérique à même de préserver le tissu social et culturel.
L'étape diourbelloise fut aussi placée sous le signe de la profusion littéraire du Cheikh dont les qasidas (odes) composés essentiellement, en ce temps, de Louanges à DIEU et de Prières sur le Prophète (PSL), donnaient aussi une idée de sa Station Suprême, de son Anéantissement en DIEU et d'autres Dons Prodigieux que la plume a du mal à décrire. Furent ainsi reçus à Diourbel des Croyants du monde entier venus boire à cette Source Inépuisable; des émissaires de l'Imam de Médine (la ville du Prophète (PSL) ), des saintes figures de l'Afrique Noire et Blanche, des gens de toutes conditions et de tous horizons se pressaient devant la porte du Cheikh dont les capacités à assumer les tâches que supposait une telle affluence en même temps que ses permanentes occupations cultuelles ne cessaient d'étonner.
Ainsi nota t-on un resserrement de la surveillance dont il faisait l'objet; lors notamment de la nomination de l'Administrateur du Cercle de Diourbel entre 1913 et 1915, Antoine LASSELVES dont la persécution et les perquisitions inopinées dans la concession du Cheikh, lui ayant permis de bien observer celui-ci, finirent par transformer radicalement sa prévention envers l'homme de DIEU. Ceci au point qu'il rédigea, à la fin de sa mission en 1915, un des rapports les plus élogieux et les plus enflammés jamais destinés par un non-musulman à la personne du Cheikh; rapport qui préfigurait en fait la sensible métamorphose qu'allaient subir dans les années qui suivirent les relations de Cheikh Ahmadou BAMBA avec les autorités coloniales...
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La Disparition du Cheikh (19 juillet 1927)
22/08/2008 05:22

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La Vie de Cheikh Ahmadou Bamba
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La Disparition du Cheikh (19 juillet 1927) |
Le 19 du mois de Muharram de l'an 1346 de l'Hégire, correspondant au 19 juillet 1927, fut l'un des jours les plus tragiques de l'histoire de la Mouridiyah en ce sens qu'il fut marqué par le saisissement et la stupéfaction générale à l'annonce du décès de son Fondateur.
En effet la disparition de celui-ci survint au cours de cette journée de mardi où le fils aîné et futur successeur du Cheikh, Serigne Mouhamadou Moustapha MBACKE et son oncle Cheikh Balla MBACKE découvrirent le saint homme étendu sur le sable d'une case de sa concession où il aimait à se retirer. Cheikh Moustapha fit alors montre de cette vertu de lucidité et de tempérance, qui allait d'ailleurs marquer son Califat, en organisant dans une discrétion absolue son inhumation à Touba, en conformité avec les voeux du disparu.
L'Administration coloniale, peu encline à cet ensevelissement à Touba susceptible de favoriser l'essor de la Mouridiyah en transférant son noyau hors de Diourbel, sembla dépassée par la précipitation des événements. Une fois mise au courant, elle intervint cependant en mettant sous scellés le patrimoine du défunt et en nommant une commission chargée de sa surveillance.

Le monde mouride, plongé dans une stupeur indescriptible, réagit cependant avec calme et dignité et, dès l'annonce de la nouvelle, se mit à confluer de tous horizons vers la tombe du saint homme. Ce fut, sans aucun doute, l'un des jours les plus déchirants de leur existence, l'épreuve la plus décisive et la plus douloureuse qu'eurent à vivre ces nobles coeurs qui devaient entièrement leur amour pour la Lumière de DIEU, leur goût du sacrifice pour Sa Cause, le sentiment d'avoir recouvré leur dignité d'homme au frêle homme de Touba qui, à présent, reposait au sud de Aynou Rahmati ("Puits de la Miséricorde").
A la consternation devait, pourtant, succéder le retour aux obligations qu'exigeaient la continuité de la Mission et la poursuite de la dynamique amorcée par cet être exceptionnel. Ainsi fut-il décidé par le Conseil de famille, moins d'une semaine après la disparition, la désignation de Cheikh Mouhamadou Moustapha, fils aîné du Cheikh, à la succession de son père.
Le Calife fut, en outre, chargé de la gestion des chantiers de la Mouridiyah dont le plus important était sans conteste celui de l'édification de la Mosquée de Touba sur le site où reposait son père.
Ainsi s'initia, dès le 25 juillet 1927, une autre phase de l'histoire des mourides qui, derrière leur Calife et en dépit de vicissitudes et d'oppositions de toutes natures, démontreront que la puissance des idées, la conformité indéfectible à la Vérité et au Décret Divin, la Crainte Révérencielle, l'Amour Infini du Prophète de DIEU, la Proclamation de l'Unité Absolue de DIEU, la Détermination devant les épreuves endurées sur le Droit Chemin, que tout cela dépasse une existence terrestre limitée dans le temps et qu'ainsi et à cause de cela, comme l'attestera d'ailleurs l'Histoire,
Cheikh Ahmadou BAMBA ne saurait jamais mourir...
Le 19 du mois de Muharram de l'an 1346 de l'Hégire, correspondant au 19 juillet 1927, fut l'un des jours les plus tragiques de l'histoire de la Mouridiyah en ce sens qu'il fut marqué par le saisissement et la stupéfaction générale à l'annonce du décès de son Fondateur.
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Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacke (1888-1945)
22/08/2008 05:24
Cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacke (1888-1945) Premier Calife de Cheikh Ahmadou Bamba |

Selon l'hagiographie mouride, le premier successeur de Cheikh Ahmadou Bamba naquit le 11 du mois de Muharram de l'an 1306 de l'Hégire, à Darou Salam, correspondant au 17 septembre 1888 de l'an romain. L'histoire rapporte qu'il fallut aller à la quête du Cheikh qui avait à cette époque l'habitude de s'absenter pendant assez longtemps dans la forêt avoisinante à la recherche du futur site de la ville de Touba. Les émissaires le trouvèrent finalement au troisième jour de la naissance de l'enfant de Sokhna Aminata Lô dans un lieu nommé Fétto sous une averse abondante. Mouhamadou Moustapha Mbacké fut ainsi l'aîné des enfants du Cheikh restés vivants et le frère utérin de Mouhamadou Lamine Bara Mbacké. Il eut la douleur de perdre très tôt sa pieuse mère ayant conclu un pacte en ce sens avec le Cheikh. Il entreprit son étude du Coran auprès de son père et dut, après le départ de celui-ci en exil en 1895, continuer ses études avec Serigne Ndame Abdou Rahmane Lô à Darou-l-Halîmoul Kabîr Etudes qu'il poursuivit avec son oncle Cheikh Ibra Faty jusqu'au retour de Cheikh Ahmadou Bamba du Gabon en 1902. Il fut notamment partie des disciples qui rejoignirent le Cheikh à Saout-El-Ma, en Mauritanie, et y demeura avec lui jusqu'en 1907. Il l'accompagna aussi à Thiéyène et ne s'éloigna significativement de son voisinage qu'après le retour définitif de celui-ci à Diourbel en 1912 Lorsqu'il reçut l'ordre de fonder à 6 km de Touba le village de Husnu-l Mahâb qui n'était en ce temps qu'un petit hameau de Peulhs transhumants appelé Tindôdi. Il fut en 1921, partie de la compagnie du Cheikh à Dakar lorsque celui-ci y alla répondre à une invitation du Gouverneur Général de l'A.O.F. C'est à lui aussi que son père remit sa participation de 500 000 F au relèvement du Franc français. Durant toute la période de coexistence avec son père et maître, Cheikh Mouhamadou Moustapha se distingua par un dévouement et une détermination dans le service qu'il lui consacrait,... Tels qu'il arriva souvent au Cheikh de mettre publiquement en exergue son engagement et son esprit de sacrifice que tout disciple lui enviait. On ne comptait pas les copies de mémoires du Saint Coran que le fils effectua pour le père ni les tonnages de récolte dont il lui fit don. Lors du rappel à DIEU du Serviteur du Prophète, le 19 juillet 1927, Cheikh Mouhamadou Moustapha fit une fois de plus montre de ses vertus de lucidité et de tempérance, après avoir personnellement constaté le décès, en organisant dans une discrétion absolue son inhumation à Touba, selon les voeux du disparu. Après sa désignation le 25 juillet 1927, le premier Calife du assurer la relève en s'attelant particulièrement à la construction de la Mosquée de Touba; projet qui tenait réellement Cheikh Ahmadou Bamba à coeur. Malgré des débuts marqués par des difficultés de tous ordres, dont la plus dure fut assurément l'opposition de nombre de dignitaires de la Communauté à son califat,... Cheikh Moustapha s'avéra rapidement être un Calife de grande intelligence soutenue par une vaste culture et une conformité sans faille aux enseignements du Cheikh se traduisant notamment par un courage, une dignité et une générosité qui resteront légendaires. C'est lui qui, à la disparition de leur père, s'était chargé de l'éducation de presque tous ses frères et soeurs. Beaucoup d'entre eux vécurent avec lui et le Calife n'épargna, selon les témoignages de ses frères mêmes, aucun effort pour leur bien-être Allant même jusqu'à leur désigner, une fois devenus adultes, leur premier lieu d'installation en ne manquant jamais de leur fournir l'aide matérielle nécessaire aux premiers pas dans la vie. Ce fut également un excellent administrateur, un authentique homme de terrain. En 1928, il obtint l'immatriculation d'un terrain de 400 hectares sis à Touba. Il demanda, au début de 1929, l'autorisation de reprendre la construction de la Mosquée dont l'irresponsabilité et la cupidité de l'Administrateur Occidental désigné avaient mis les travaux en cause. A l'issue d'un long procès à rebondissements dans les tribunaux parisiens, l'Administrateur Tallerie eut injustement gain de cause et la communauté mouride se vit contrainte de lui payer la somme faramineuse de 250 000 francs comme dommages et intérêts pour dédit et préjudice sur rupture de contrat. D'autres obstacles auxquels le chantier de la Mosquée eut bientôt à faire face furent : l'acheminement du matériel de construction à Touba face à l'inexistence de réseau de communication,... La rareté des matériaux tels que la latérite dans cette zone, la profondeur de la nappe phréatique (à plus de 25 m) posant de façon cruciale le problème de l'eau etc. La découverte de la carrière de Ndock, à une dizaine de kilomètres au Sud de Touba, permit de résoudre le problème de la latérite. L'engagement total de dizaine de milliers de volontaires, le dévouement indescriptible de milliers de jeunes, femmes et adultes travaillant plus de 18 heures par jour, transportant dans des paniers posés à même la tête ou sur charrettes d'énormes blocs de pierres sur une dizaine de kilomètres,... Toute cette formidable énergie déployée dans la sueur et dans le sang (car on ne compta pas alors les décès) accélèrent l'achèvement des fondations et l'empierrement de la plate-forme de la future mosquée. Pour résoudre le problème des voies de communication Cheikh Mouhamadou Moustapha entreprit, malgré l'incrédulité des autorités publiques, le financement et la réalisation sur fonds propres d'un tronçon d'une cinquantaine de kilomètres de voie ferrée qui allait relier Diourbel à Touba via Mbacké à partir d'un embranchement du Dakar-Niger. Avec toujours la détermination extraordinaire de milliers de disciples, des "Baye Fall" sous le commandement de leur Calife Serigne Moustapha Fall, fils aîné de Cheikh Ibrahima Fall, et les autres Cheikhs, la durée de réalisation de cette initiative inédite dans l'histoire pulvérisa toutes les prévisions et fut achevée en un an et quelques mois. Ce succès éclatant accéléra de façon impressionnante l'unité et l'unanimité qui, déjà, faisait jour autour de sa personne façonnant ainsi durablement l'organisation de la Mouridiyah après la disparition du Cheikh. Au point de vue économique, l'âme profondément paysanne de Cheikh Moustapha alliée à un esprit d'entreprise et d'organisation élevé permirent à la communauté mouride de produire des résultats agricoles considérables. Ainsi la production arachidière qui était estimée aux environs de 20 000 tonnes au début des années 30 passera en 1937/38 à 75 000 tonnes soit une progression marginale de 275%. Le Chantier confié à la Société des DRAGAGES, il fut officiellement procédé à la pose de la première pierre de la Mosquée le vendredi 4 mars 1932. Mais, malgré la célérité des travaux, les années de peste meurtrière, la récession mondiale des années 30 se conjuguant aux perturbations de la seconde guerre ralentirent considérablement leur progression. Et c'est dans ce contexte de profonde crise et de graves difficultés économiques que s'éteignit le vendredi 13 juillet 1945 (3 Sha'bân 1364 H) Cheikh Mouhamadou Moustapha confiant à ses suivants la perpétuation de l'oeuvre colossale entreprise pendant plus de 18 ans. Mais s'il reste à jamais vrai que DIEU TRES-HAUT ne peut oublier la rétribution de ceux qui combattent "avec leurs biens et leurs personnes" sur Son sentier,... LUI qui a promis dans Son Saint Livre: "En vérité, Je ne perds jamais de vue l'oeuvre de celui qui fait le bien, qu'il soit homme ou femme (...) Ceux qui se sont expatriés pour Ma Cause, qui ont combattu, qui ont été tués,... "Je leur pardonne leurs mauvaises actions et les ferai entrer dans les Jardins arrosés par des ruisseaux, à titre de Récompense Divine; certes DIEU dispose de la plus belle Récompense" En vertu de cette divine Promesse, Mouhamadou Moustapha aura alors mérité son Agrément et son Election, la Reconnaissance du Prophète de l'ISLAM (PSL) et celle de Khadimou Rassoul. Mieux, tous ceux qui, aujourd'hui, se réclament du Serviteur du Prophète ou toute personne tenant sincèrement au rayonnement de la Parole de DIEU TRES-HAUT sur terre doit une fière chandelle à ce Digne Socle de l'Edifice de la Foi et de la Vertu...
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Cheikh Mouhamadou Fadl Mbacke (1888-1968)
22/08/2008 05:26

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Cheikh Mouhamadou Fadl Mbacke (1888-1968) Second Calife de Cheikh Ahmadou Bamba |

L'hagiographie mouride rapporte la naissance de Cheikh Mouhamadou FADL à 7 mois de celle de Cheikh Mouhamadou Moustapha son aîné, soit le 27 du mois de Rajab qui coïncide précisément avec le jour du voyage nocturne du Prophète (PSL), ou Mihrâj, au cours duquel furent révélées les cinq prières canoniques. Cette naissance eut lieu à Darou Salam en l'an 1305 de l'hégire du Prophète (PSL) soit 1887/88 de l'an romain. La mère s'appelle Sokhna Awa Bousso et est originaire de Affé dans le Sud du Djoloff. Il entama ses études coraniques chez Serigne Ndame Abdou Rahmane LO à Darou Halimou-l-Kabîr, village plus connu sous le nom de Ndame. Il effectuera plus tard le " Tadjid" (ou l'art de comprendre le texte coranique) avec son oncle Mame Mor Diaara puis avec Mame Thierno Birahim. Il habita avec son père à Mbacké-Bâri et fit aussi partie de ceux qui le rejoignirent dans son second exil à Saout-el-Ma en Mauritanie. C'est là bas que le Cheikh, l'ayant un jour réuni avec son frère Cheikh Modou Moustapha et son cousin Mor Rokhaya BOUSSO leur tint ce discours : "Je ne suis le père, ni le frère, ni l'oncle d'aucun d'entre vous. Je suis une créature vouée au Service de son Seigneur. Et ceux d'entre vous qui auront choisi de suivre le chemin tracé par mon Seigneur, ceux-là seuls, seront mes fils, mes frères, mes neveux, mes talibés", C'est ce jour là qu'il renouvela son serment d'allégeance et son engagement indéfectible de demeurer au service du Cheikh pour la FACE de l'Eternel. C'est pourquoi il déclara dans un poème : " Nos espérances reposent en toi, ô toi qui nous à ouvert les portes de la Félicité. Je t'échange en ce jour mon rang de fils en contrepartie de l'honneur d'être ton disciple. Et quand tu daignera me gratifier de cet honneur insigne je te prierai de l'accepter comme mon offrande de disciple". Après quatre années de séjour en Mauritanie Cheikh Mouhamadou FADL restera encore avec son père à Thiéyène puis à DIOURBEL à partir de 1912. Il est rapporté que de là à 1927, date de la disparition du Cheikh, il fit de mémoire 28 copies reliées du Saint Coran dont il fit don à son père. Il lui offrit également sa maison, sise alors avenue de la gare à DIOURBEL, qui était une belle demeure couverte de tuiles rouges avec, à chaque angle, le signe de l'étoile et du croissant. Le Serviteur du Prophète lui exprima ce jour là sa reconnaissance à travers un verset qui accordait à DIEU Seul le pouvoir de le récompenser. C'est également à l'issue de ses recherches que la carrière de Ndock fut découverte et que le Cheikh lui assignat comme but de sa vie l'édification de la Mosquée de TOUBA. Huit mois après la disparition de son père, Cheikh Mouhamadou FADL entreprit le Pèlerinage aux lieux Saints de l'Islam en compagnie de ses oncles Mame Cheikh Anta Mbacké et Serigne Mbacké Bousso, de El Hadj Mayoro Fall, Serigne Moulaye Bousso, Serigne Mandiaye Diop et de Serigne Ibrahima Dia. Au cours de ce périple, du 7 mars au 28 juin 1928 à bord du bateau "AMASTY", les pèlerins eurent l'opportunité de visiter : au Maroc la Mosquée construite par Moulaye Hassan en 1315 Hégire, en Egypte les tombeaux du Prophète Daniel, celui de Luqman, de Mouhammad Busri et Abdoul Abbas Al-Masri à Alexandrie ; puis au Caire le mausolée de Ahmad Al-Bakari, celui du Compagnon du Prophète (PSL) Umar Ibn AL-?AS, de Sidi Kalil, de Rokhaya soeur de Hassan, de Hussein puis l'Université Al-Azhar. Ils visitèrent naturellement le tombeau du Prophète (PSL) à Médine puis ceux de ses Califes "Râchidoûn" (Bien-Guidés), des compagnons, ceux de la famille du Messager (PSL) puis la première Mosquée construite par le Prophète (PSL): Al-Khoubâ. El Hadj Fallou eut même le rare privilège de pénétrer le 21 mai à l'intérieur sacré de la Kaaba où il effectua 8 rakkas. Les liens qui unissaient Serigne Fallou à son aîné (le Calife) Cheikh Mouhamadou Moustapha dépassaient à telle enseigne le seul cadre de la consanguinité que le Calife lui demandait très souvent de baptiser les nouveaux villages qu'il créait. Serigne Fallou écrivit ainsi à l'occasion de l'inauguration de Taïf : "Ô toi qui erres dans la crainte des calamités de ton temps, trouve refuge chez le Calife Moustapha à Taïf." Il réitéra ainsi avec le successeur de BAMBA les liens d'allégeance et d'affection profonde qui l'unissaient à son père, dévouement qui se traduisit notamment par son adhésion totale à l'effort d'édification de la Mosquée avec son frère dont il fut, un jour de 13 juillet 1945, préposé à la succession. Le contexte d'investiture du nouveau Calife est cependant loin d'être favorable : dus aux aléas de la récession mondiale des années 30 et à la seconde guerre finissante, le chantier de la Mosquée a été suspendu depuis 1939. El Hadj Fallou dut donc s'atteler à la tâche de la relève à travers différentes mesures de tous ordres. Tout d'abord, en accord avec le conseil de famille, il décida que la concession de 400 hectares, noyau de la ville de TOUBA, constituera une propriété indivis entre les descendants en ligne directe du Cheikh. Le Magal sera désormais célébré à l'anniversaire du départ en exil au Gabon, c'est à dire le 18 du mois de Safar, conformément à un voeu du Cheikh formulé à DIOURBEL, et non plus le 19 Muharram anniversaire de sa disparition. Il fixera la participation volontaire au budget de la Mosquée à 28 f par tête; le chiffre 28 représentant la valeur numérique du mot "TOUBA". Le 9 février 1948, il est décidé que toutes les sommes collectées seront déposées en banque sur un compte "Mosquée-TOUBA". A la reprise des travaux en 1949, il fallut entreprendre de profonds réaménagement sur les plans et devis initiaux du projet et avec toujours l'engagement sans faille de milliers d'adeptes, la Grande Mosquée de TOUBA fut enfin inaugurée le 07 juin 1963. Elle fut, peu après, visitée par Serigne Abdou Aziz SY, Calife des Tidjanes, El Hadj Thierno Seydou Nourou TALL, Ahmadou BELLA, Sardana de Sokoto etc. Le Califat de Serigne Fallou a été aussi marqué par le soutien constant qu'il apporta à l'ancien président de la République Léopold Sédar SENGHOR avec qui il entretenait des liens très étroits, en devers des différences de confessions mais en vertu d'une certaine conception de l'humain et de la Nation. Le Califat de Cheikh Mouhamadou FADL fut également placé sous le signe du grand nombre de réalisation qu'il effectua dans le monde mouride. C'est à lui que l'on doit notamment le lotissement de la ville de TOUBA sous l'instigation visionnaire de son neveu Serigne Cheikh Mbacké. Il entreprit également le prolongement de la voie ferrée de TOUBA - Gare à TOUBA Mosquée, l'implantation de forages à Darou Mousty, Touba Bogo etc., sans parler de son immense contribution au développement de l'agriculture et à la diversification des cultures dans la région de Diourbel. Il développa aussi nombre d'implantations comme le village Ndindy en 1913. C'est dans la nuit du 06 août 1968 que El Hadj Mouhamadou Fallou Mbacké s'éteignit à TOUBA après avoir vécu un nombre d'ans correspondant au nombre de verset de la sourate Ya-Sin : 83 qui est aussi la valeur numérique du "Jëf" signifiant oeuvre. La douleur indescriptible qui frappa le monde mouride traduisit sa consternation à la perte d'une homme qui marqua tous les esprits par sa générosité, bonhomie, son humour mais aussi par son sens du dévouement, son orthodoxie et son charisme. C'est depuis donc ce jour que, dans cette enceinte à laquelle il consacra sa vie, il repose, à l'Est de son père et qu'il résidera à tout jamais dans des milliers de coeurs qui chanteront éternellement la gloire de "Baye Galass".
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Cheikh Abdou Ahad Mbacké (1914-1989)
22/08/2008 05:29

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Cheikh Abdou Ahad Mbacké (1914-1989) Troisième Calife de Cheikh Ahmadou Bamba |

Cheikh Abdoul - Lâhi Ahad est né un 23e jour du mois de Korité en 1332 Hégire, soit 1914 de l'an romain à DIOURBEL. La naissance de ce premier enfant de l'après exil provoqua, selon la tradition, un vif émoi de la part du Cheikh qui lui prédit un destin hors du commun. Cheikh Abdoul Ahad est le frère aîné de Serigne Chouhaïbou avec qui il partage la même mère : Sokhna Maryama DIAKHATE. Il entama ses humanités coraniques au début des années 20 avec son oncle Serigne Hamzatou Diakhaté dont l'érudition est resté célèbre. De ses propres dires même, Cheikh Abdoul Ahad éprouva de grandes difficultés de mémorisation du texte coranique à ses débuts et ce ne fut qu'à l'issue d'une entrevue mémorable avec son père à "Keur Gu Mag" à DIOURBEL qu'il acquis cette prodigieuse capacité de rétention et cette pénétration hors norme dont il faisait preuve dans ses exégèses de la sainte vulgate. L'âme profondément rurale comme tous ses frères, il fonda plusieurs villages dont Belel, comptant 300 hectares de terres cultivées et Bouki Barga fondé en 1945 sur la demande de son grand frère Serigne Modou Moustapha qui s'était, depuis la disparition de leur père, chargé de son éducation et l'aidait à faire ses premiers pas dans le vie. Les champs de Bouki Barga, répartis entre 12 daaras exploitant en tout un carré de 11 km de côté on produit seuls, en 1967, 150 tonnes d'arachide. Dans les liens qui l'unissaient au Calife El Hadj Fallou et par delà lui à toute la famille de Khadimou Rassoûl, se dénotait toujours la vénération sans égal qu'il nourrissait à l'égard du Cheikh et de tout ce qui se rattache à lui. Son accession au Califat, le 6 août 1968, fut marquée par la rigueur, le sens du concret et une détermination dans l'oeuvre que traduisaient son franc parler et ses réalisations. Il procéda ainsi à la reconstruction de l'ancien marché "Ocas" dont les normes ne s'adaptaient plus à celle d'une agglomération comme TOUBA. Mais l'oeuvre la plus spectaculaire restera, sans nul doute, la pénalisation déclarée le 18 septembre 1980 dans tout le périmètre de la ville de TOUBA, des boisson alcoolisées, du tabac, de la drogue, de la contrebande, des jeux de hasard, des manifestations non orthodoxes et de tout ce qui va à l'encontre des principes de l'Islam. En adoptant ainsi l'ouvrage Matlabu-l Fawzaïni consacré par le Cheikh à TOUBA comme constitution et projet de société, Baay Lahat ira plu loin et s'investira dans la dotation d'infrastructures à la ville. Il entamera d'abord la décoration intérieure de la Mosquée et du Mausolée de Serigne TOUBA dont les murs seront incrustés d'or 18 carats. Il y paraphera son oeuvre par l'extension de l'enceinte extérieure avec un budget d'un milliard 750 millions; ce qui dépassa de 17% le financement escompté lors de son appel à la participation des mourides. Il s'attaquera aussi à la réalisation de la Bibliothèque Khadimou Rassoul, l'une des plus grandes d'Afrique Noire, dénommée "la Maison du Coran" à cause de la quantité inestimable du Livre Saint qui y est conservée. Elle compte des centaines de milliers d'ouvrages de valeur (48 tonnes en 1983) pour un coût de plus d'un milliard de francs - Serigne Abdoul Ahad donna également une impulsion durable à l'édition coranique avec la création d'une imprimerie moderne contribuant à la vulgarisation du Saint Coran et des écrits du Serviteur du Prophète dont il participait activement à la collecte des oeuvres et au recensement du patrimoine. Il mit en chantier la première université islamique d'Afrique noire pour un coût de 7 milliards de francs. Le "Bâtisseur" édifia une magnifique maison d'accueil dénommée Résidence Cheikhoul Khadim puis réalisa le joujou architectural de la source de la Miséricorde "AYNOU RAHMATI". Un important effort de modernisation de la ville fut aussi entamé, sous le troisième Califat, avec la viabilisation de 86 000 parcelles habitables gratuites, la construction d'un centre de santé à Ndâmâtou, une autoroute à l'entrée de la ville, des routes bitumées dans les principales artères, un chapelet de forages, le chantier d'un aérodrome, l'ouverture au réseau automatique du téléphone et à l'électricité, la mise en place d'une brigade de gendarmerie etc. L'épaisseur de sa dimension humaine fut que Cheikh Abdoul Ahad entretint des relations de fraternité musulmane avec l'ensemble des différentes familles religieuses envers lesquelles son soutien ne se démentit jamais. C'est ainsi qu'il reçut, lors de visites mémorables Serigne Cheikh Tidjane SY, Cheikh Abdoulaye THIAW LAYE etc. mais aussi celle de chefs d'Etats comme Mobutu SESESEKO du Zaïre, venu visiter la tombe de son ami El Hadj Ndiouga KEBE, le président Sékou TOURE de Guinée en mémoire des liens qui unirent le Cheikh à son ancêtre l'Almamy Samory lors de son exil au Gabon etc. En raison aussi de la disponibilité dont fit montre de la ville, Cheikh Abdou Ahad n'hésita pas à lui apporter son soutien lors des élections de 1988. La fermeté et l'intransigeance, caractéristiques de Baaye Lahat se manifestaient cependant lors, par exemple de son sermon de la Tabaski de 1984, lorsqu'il réagit aux nombreuses plaintes des mourides portant sur les injustices dont il faisaient l'objet à la radio diffusion publique. Il termina son allocution de ce jour là par une serment devenu célèbre : "S'il convient que les choses doivent évoluer de la sorte, je jure par DIEU et par Serigne TOUBA que plus personne n'entendra ma voix sur les antennes!" Cheikh Abdoul Ahad marqua durablement de son empreinte le Mouridisme en faisant non seulement de son centre la seconde métropole du pays, avec une expansion étonnante mais aussi en lui aménageant une place et une image qui lui valut le respect public, sinon la reconnaissance comme première force de la nation. Le Calife inculqua aux talibés, à travers ses inoubliables sermons, la conformité aux prescriptions su Seigneur et l'abstention de ses proscriptions, le respect des limites de la Sunna Prophétique; il développa aussi leur attachement au service de Khadimou Rassoul et la sincérité dans l'acte grâce à la certitude en l'incomparabilité du Cheikh. Ce fut un jour de 18 juin 1989, à TOUBA Belel, que le 3e Calife de BAMBA s'éteignit, après 21 ans d'un Sacerdoce exceptionnel où il veillât sans relâche sur le flambeau éternel du Mouridisme. Il repose aujourd'hui au coeur de la magnifique bibliothèque qu'il érigea sur la terre de TOUBA, au centre de milliers de Coran, après avoir vécu le nombre frappant de 77 années d'une vie originellement marquée du Sceau d'un destin prodigieux de Bâtisseur de l'Islam.
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